Dissertation de Philosophie (corrigé)
Introduction
La conscience est ce phénomène psychique où nos pensées et nos actes se présentent à nous-même d’une manière claire. Le fait de prendre conscience est le synonyme même de la réalisation d’une vérité. Il semble donc absurde de penser que l’illusion, ces impressions erronées viennent d’elle. Pourtant, dans nos états de conscience, nous pouvons toujours faire preuve de mauvais jugements. On croit avec un fort sentiment d’évidence que les choses qui se présentent à notre conscience sont clairement acquises et pourtant on n’est jamais à l’abri des perceptions trompeuses. Il arrive même que dans la conscience de soi, on fasse preuve d’une méconnaissance de soi vis-à-vis de nos pensées et de nos actes. Le fait est que si l’illusion est ce qui convainc, elle ne peut donc venir que du sentiment d’évidence qu’offre la conscience. Que véritablement penser alors de la signifiance de la conscience si elle est à la fois ce qui prétend faire transparaître l’esprit à lui-même et en même temps ce qui peut induire celui-ci en erreur ? Pour résoudre ce problème nous cheminerons à travers le développement suivant. Premièrement, considérons pourquoi l’illusion se présente à la conscience comme provenant d’elle. Deuxièmement, remarquons aussi toutefois que puisque la conscience est ce qui fait preuve de clarté, elle ne peut être coupable de l’illusion. Finalement éclaircissons que la conscience est avant tout un état d’éveil mais qu’il faut la travailler avec le bon usage de la raison pour garder cet état.
I) L’illusion se présente à la conscience
1. La conscience présente avant tout des perceptions
Remarquons premièrement que ce qui se présente à l’esprit comme la conscience de quelque chose n’est pas en soi la connaissance de ce quelque chose. La conscience n’est pas celle d’une donnée pure, mais d’une reconstruction abstraite de l’entendement. Ce dernier organise les informations de nos organes de sens en une unité qui a du sens. Le principe de cette unité est l’identité, l’esprit doit nécessairement imprimer une saisie constante des phénomènes en lui-même en guise de reconnaissance. Ainsi cette unité est le phénomène dit de la perception. La perception dans ce qui semble être une saisie immédiate nous porte à croire que les choses sont présentées à notre esprit tel qu’elles sont en elles-mêmes. Or nous pouvons vite remarquer que toute perception est d’abord une perspective dès qu’on change notre circonstance d’observation. L’illusion se trouve alors dans le fait qu’on soit convaincu que notre perspective soit la bonne alors qu’il ne peut être que réductrice due au relativisme de notre point d’observation. Le rationaliste Descartes nous prévient particulièrement des tromperies que la perception de nos seuls sens peut produire. Ses exemples sont qu’on peut apercevoir le tour carré paraître rond à une certaine distance ou qu’un objet droit paraît courbe à travers l’eau. Mais encore la conscience devient des plus trompeuses quand elle convoque les habitudes imprimées en notre mémoire pour identifier les choses qui ont pourtant leur originalité. L’impression habituelle des perceptions finit par former des représentations types qui se manifestent automatiquement dans nos nouvelles perceptions de sorte que la conscience est souvent le théâtre des préjugés.
2. La conscience est ce qui convainc malgré ses contenus erronés
Le problème au fond est qu’à partir de la seule conscience de sa propre perception, ce qui nous convainc au final ne peut être que notre propre subjectivité. Or la subjectivité n’est jamais loin de l’ego, cette considération de soi qui pense avoir raison en toute circonstance étant donné que faire preuve d’erreur serait pour lui humiliant. Considérons ces raisonnements qui prétendent faire preuve d’une logique implacable alors qu’ils sont animés par des passions impartiales. Dans la série télé « the Breaking bad », le protagoniste Walter White fait preuve de génie dans l’élaboration des schèmes les plus ingénieux et les plus méticuleusement orchestrés pour faire tomber ses ennemis. Bien qu’ayant une puissance analytique hors du commun il est pourtant incapable de faire une introspection rationnelle sur ses motifs passionnels. Le fait est que nous remarquons comme Pascal que le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. La raison est toujours motivée par ce qui n’est pas à priori rationnel. Puis quand la passion déborde, on en vient à la logique passionnelle. Une logique telle celle du jaloux qui prend en compte tout ce qui peut servir ses soupçons de sorte que la conclusion est déjà décidée d’avance par la nature sélective des éléments du processus de raisonnement.La conscience semble donc être une source d’illusion tant elle ne présente que des perceptions et peut faire preuve d’une évidence subjective fondamentalement erronée. Pourtant que penser alors du fait que la conscience est aussi ce qui permet la clarté de l’esprit et le doute sur ce qui se présente à celui-ci comme obscur ou incohérent ?
II) La conscience est le signe d’un esprit éclairée
1. Prendre conscience est le signe de la clarté
Remarquons premièrement que l’erreur est ce qui se produit sans être d’abord perçu. Son phénomène suggère qu’il n’est pas à priori apparent, mais caché ou obscur à notre conscience. La logique veut alors qu’une erreur soit inconsciente. D’ailleurs on dit de sa manifestation qu’elle est un accident, qu’elle n’est pas volontaire soit qu’elle est la conséquence d’un manque de prudence ou de concentration. La conscience n’est donc pas coupable de l’erreur car au contraire elle est ce qui la rend manifeste en l’amenant devant l’esprit. D’où l’idée qu’une est une présentation éclairée des choses. D’ailleurs, prendre conscience de quelque chose signifie que les choses prennent finalement tout leur sens. Ceci s’explique par le fait que la conscience est ce qui éclaire certains points obscurs. A certains moments de nos réflexions on a le sentiment d’une chose qui nous échappe, une intuition qui ne se donne pas clairement à l’esprit, on dit juste qu’on sait qu’on a quelque chose à l’esprit. Dans ces moments, la conscience est ce phénomène de saisie de l’esprit qui prend acte de l’oubli, du vague ou de l’obscure et qui dirige la raison vers l’éclaircissement de ces derniers. Elle permet par conséquent de reprendre le flux de notre pensée de sorte à faire signifier qu’une pensée inconsciente n’est à proprement parler même pas une pensée. La pensée est la saisie d’un esprit en mouvement à l’intérieur de soi ou rien.
2. La conscience est ce qui permet le doute
Ensuite, il faut aussi considérer que si l’illusion est un fait de conscience, le doute est ce fait qui met en perspective d’une manière négative son existence. Or le doute, lui aussi, n’est il pas un fait de conscience ? Le doute est d’abord un sentiment qui suspend temporairement notre jugement et le place sous l’examen de la raison afin de devenir une véritable prise de conscience. Ce phénomène semble se manifester spontanément quand on a l’intuition que quelque chose ne va pas de soi. Il est ressenti comme un inconfort intellectuel dû à l’impression d’une incohérence dans l’enchaînement de nos propositions ou d’un manque de clarté dans le pourquoi de nos implications. Le doute semble donc en ce sens être un état de conscience qui transcende le simple écoulement de la pensée. Il est l’expérience manifeste qui prouve que la conscience est un retour de l’esprit sur lui-même. Ce qui implique en somme que la conscience est donc un terrain gagné sur l’illusion par le fait qu’elle est ce qui rend possible le dévoilement de celle-ci.L’illusion n’est donc pas de l’ordre de la conscience puisqu’elle est ce qui n’est pas à priori transparente. La conscience grâce à la puissance de sa forme intuitive qu’est le doute est d’ailleurs le phénomène qui la dévoile. Pourtant il reste ceci que la conscience ne porte en elle quand même d’abord que des perceptions. Elle peut toujours induire en erreur tant qu’elle reste une saisie passive de ces dernières. Ne faut-il donc pas lui adjoindre l’activité de l’esprit autonome qu’est la raison ?
III) La conscience est à travailler
1. La conscience illusoire est celle qui reste passive devant son contenu qu’est la perception
Examinons d’abord l’expérience propre de la conscience. Il nous est donné à penser dans sa manifestation révélatrice que son phénomène est la condition du discernement entre la vérité et l’illusion. Ce qui est compréhensible car comme nous l’avons vu précédemment, elle est l’expérience d’une saisie de l’esprit sur lui-même. Sans elle il n’y a donc pas de réflexion possible. Toutefois il faut faire preuve de prudence car l’intentionnalité de notre conscience tout comme sa forme intuitive dans le doute est un phénomène passif. Ce sont des expériences qui s’imposent à l’esprit qui se présente à priori à la conscience. Or là est le problème car on rappellera aussi qu’à travers la conscience on ne prend acte à priori que d’une perception et non d’une pensée rationnelle. Ce qui nous amène à suggérer que l’illusion ne vient donc pas à proprement parler de la conscience mais de la passivité de l’esprit vis-à-vis de la perception. Ce qui se présente comme conscience est neutre, la perception est neutre car elle ne dit rien mais présente seulement comment l’entendement comprend les faits. Toutefois, comme elle est ce qui se pose actuellement comme clair à l’esprit. L’esprit le pense comme acquis. L’illusion vient alors du fait que l’esprit ne veut pas aller plus loin car elle préfère le confort hypnotique de l’automatisme.
2. La véritable conscience advient avec l’examen de la raison sur ses objets
Il s’ensuit que la véritable conscience ne peut donc pas être l’intuition d’une prise de conscience mais une présence d’esprit à reconquérir à chaque perception qui se présente. C’est pourquoi il faut adjoindre à sa première manifestation comme puissance de représentation, cette puissance de réflexion qu’est la raison. A contrario de la simple conscience passive, la conscience appuyée par la raison est active et concentrée. Celle-ci fait preuve de rigueur dans l’examen de nos perceptions. Elle peut ausculter leurs éléments, revoir les liens entre ces derniers et juger de leur pertinence dans l’ensemble qu’elles veulent donner à voir comme évident. La conscience en tant qu’expérience de transparence de soi à soi est une opportunité à saisir pour conduire notre esprit avec autonomie. Toutefois il doit seulement s’agir d’une assistance et non d’un remplacement. Le simple produit de la raison aussi élaborée soit-elle ne peut être le garant d’une totale transparence de sa production. L’intelligence artificielle fait preuve d’une parfaite rigueur dans l’opération de ses algorithmes les plus complexes mais ne se saisit pas à être à l’œuvre. En fait, on ne fait souvent pas assez de distinction entre la raison sous son mode de l’examen rationnelle et la raison sous son mode de l’organisation logique du raisonnement. La conscience doit avant tout profiter de cette première mode car il s’agit avant tout de garder son esprit éveillé. La seconde mode quant à elle peut encore s’avérer illusoire comme nous l’avons vu dans la logique passionnelle. En surface une démonstration paraît d’ailleurs toujours logique tant qu’on ne questionne pas la validité de ses prémisses. Sans la conscience qui permet le choix de la direction de l’esprit, la raison n’est qu’une machine opérante.En résumé, la conscience paraît certainement être la source de nos illusions tant qu’on pense qu’elle est le simple synonyme de la perception. La perception en tant qu’elle est avant tout une perspective peut induire en erreur. Puis le fait que la conscience soit une expérience subjective, la rapproche souvent avec notre ego que celui-ci peut venir dominer toutes ses impressions d’évidence. Il n’est pas évident dans ses conditions de penser avoir l’esprit clair. Pourtant il faut souligner que la conscience est toujours le signe d’une transparence. L’erreur est la manifestation de ce qui fut auparavant caché ou obscur. L’intuition du doute atteste d’ailleurs de cette puissance de la conscience à opérer un retour sur ses perceptions. L’illusion proviendrait en fait de la passivité de notre esprit envers ce qu’il pense être acquis et non de la conscience qui présente cet acquis à l’esprit. Par conséquent, la véritable conscience est celle qui fait l’effort de l’examen rationnel de ses objets pour garder un esprit en éveil.