Cicéron est un homme d’état romain né en 106 av JC et mort en 43 av JC, il est connu pour être à la fois avocat, rhéteur mais surtout philosophe et écrivain. Il n’est pas issu d’une classe sociale haute, mais parvient à se hisser jusqu’au consulat grâce à ses enseignements. Il sera aussi réputé pour avoir déjoué la conjuration de Catilina grâce à de nombreux discours qu’il prononça.
Lorsqu’il arrive au sommet de son pouvoir, Cicéron a intégré le sénat romain et a pu prendre de nombreuses décisions qui ont pu impacter la vie romaine.
Durant sa vie, il prendra parti pour différents hommes politiques. Dans un premier temps, Pompée face à César bien qu’il change au fil du temps, mais surtout Octave face à Antoine. Cette dernière prise de position lui coûta la vie puisqu’il fut assassiné. Il se sera cependant illustré par ces compétences d’orateur une fois qu’il aura quitté la scène politique. En effet, quelques années avant sa mort, il choisit de consacrer sa vie à ses écrits, à la traduction et l’animation de cercles de rhétorique.
Cicéron n’est pas toujours considéré comme un philosophe à part entière. Les écrits qu’il a été possible de retrouver sont généralement traduits du grec et sont vulgarisés afin de les expliquer et de les critiquer. Certains auteurs plus contemporains ont ainsi plus de mal à le voir comme tel. Il a aussi été salué et parfois vu comme un grand penseur du bien-être social en mettant en avant l’idée selon laquelle l’Homme peut se réaliser grâce à ses liens sociaux (humanisme cicéronien).
Les écrits de Cicéron
Cicéron est considéré comme l’un des plus grands auteurs latins. Un gros morceau de ses écrits a traversé le temps et permet d’avoir un point de vue de l’histoire. Ce sont ainsi 150 discours et plusieurs manuels qui sont retrouvés. Ce sont des écrits de grande qualité puisqu’ils sont documentés et permettent une prise de positions de l’auteur. Ces réflexions portent sur la société dans laquelle il évolue et sur les avis qu’il peut avoir des auteurs classiques. En termes de philosophie, il publiera une grande œuvre au public, écrite en latin dans laquelle il exposera son point de vue d’une immense richesse. En effet, ce sont des rédactions qui sont influencées par les écoles de son époque : platonicienne, péripatéticienne, stoïcienne et épicurienne. Même l’aspect philosophique de Cicéron sera marqué par cette volonté de faire évoluer la société. Il traite ainsi des notions de bien commun en se servant de la philosophie pour aborder ces notions. Cicéron cherche ainsi à privilégier le bien de tous en favorisant la justice. Sa philosophie lui permet de s’affirmer et de prendre position face aux gouvernements en place.
Les idées philosophiques de Cicéron
Son objectif est de réussir à latiniser la philosophie qui était alors marquée par la culture grecque. Il publiera ainsi différents dans lesquels des protagonistes pourront parler des doctrines des principales écoles philosophiques présentes, de constater leurs évolutions, mais aussi d’en apporter diverses critiques. Il est très difficile de retrouver des œuvres issues des écoles stoïciennes, épicuriennes ou académistes. Les idées de Cicéron sont donc de véritables trésors qui donnent une vue d’ensemble des débats philosophiques entre le IIIe et le Ier siècle av. JC. Il aborde ainsi 3 grandes philosophies qu’il va éclairer. Il s’appuie ainsi sur son expérience, ces débats rhétoriques et ses écoles de pensées pour se créer un avis sur ces notions. Sa philosophie est cependant très orientée autour des décisions publiques et s’attarde moins sur l’Homme en lui-même. Ainsi, son mode de pensée philosophique est marqué par son parcours politique et sa volonté du bien social. La société à ainsi toute son importance et sera première dans de nombreuses notions qu’il abordera.
La philosophie logique
Dans une idée de rhétorique et de communication, la logique apparaît comme étant le moyen de discerner le vrai du faux. Elle est notamment utilisée par les orateurs afin d’amener des arguments. Cette idée se base ainsi sur le fait qu’il faut réaliser des choix entre ce qui est bien et ce qui est mal. Il faut donc mettre en avant ces certitudes pour appuyer un débat ou une idée. L’objectif étant bien sûr de rechercher cette volonté de vrai et d’exactitude. C’est ce que Cicéron discute en premier. Comment est-il possible de déterminer ce qui est vrai ? Quels sont les moyens possibles pour un être humaine de réussir cette quête de vérité ?
Cicéron pense alors aux perceptions ou alors sa raison. Il semble alors se rapprocher de philosophes comme Platon ou d’autres. Cependant, il n’arrive pas à prendre position sur un avis en particulier : pour lui, il n’existe pas de vérité absolue qui serait applicable à tout et dans tous les cas. On retrouve alors la notion du probable qui a été amenée plus largement par Carnéade. Cette idée permet de dire que chaque débat, conversation ou échange est à une probabilité de vérité plus ou moins grande, mais qu’il fallait surtout chercher à la discerner. Cette première idée sert ainsi de base aux deux suivantes, bien que Cicéron ne semble pas avoir un avis clair là-dessus.
La philosophie morale
Pour lui, le but de tout homme est de trouver le bonheur. Il choisit alors de commencer par présenter la vision de ce « Bien Suprême » en fonction des écoles de pensées. Cela peut être par l’absence de douleur, l’accès à une plénitude ou encore liées au rapprochement avec la nature. Il va donc mettre en place de nombreux dialogues entre ses personnages afin de discuter de cette affirmation. Il va critiquer chaque vision et doctrines pour pouvoir permettre à chacun de se faire son propre avis sur la question. Il n’y a pas d’ordre particulier entre le point de vue des écoles. Il semble donc qu’il a privilégié les définitions qui lui plaisaient le mieux afin d’exposer ses idées.
L’aspect moral de sa philosophie lui permettra d’aborder de nombreux autres thèmes importants comme la vision de la mort, les douleurs et les passions. Tout cela est pour lui en lien avec le bonheur et doit alors être pris en compte. Il ajoutera deux notions à sa pensée lorsqu’il approchera de la fin de sa vie qui sont la vieillesse et l’amitié. Pour lui, il est important d’avoir autour de soi une personne âgée et sage avec de l’expérience. De plus, la seconde notion permet d’apporter un aspect vertueux aux relations et notamment aux relations publiques.
Il terminera ainsi par donner son avis sur la gloire qu’il estime très importante. Il s’agit alors de différencier la gloire réelle qui est acclamée par tous et la fausse qui est perverse. Elle est impliquée par un plus petit groupe de partisans aux desseins douteux qui n’est donc pas bonne pour l’Homme. Il est donc ici facile de voir le lien entre la vérité et cette recherche du bonheur qu’il cherche à défendre. Il n’en donnera pas de définition personnelle, mais invitera chacun à s’approprier son propre sens de cette notion qu’il juge importante.
La philosophie naturelle
Cette notion de la philosophie regroupe l’ensemble des principes visibles et invisibles qui créer ce que l’on perçoit. Cicéron s’appuie ici d’un échange qu’il a eu avec le néopythagoricien Nigidius Figulus et de leurs réflexions sur l’Univers. Pour lui, la création vue d’un point de vue religieuse se rapproche plus du mythe que de la réalité scientifique.
Malgré cela, Cicéron ne s’intéresse pas à l’origine et la création du monde. Il s’intéresse plutôt à l’aspect métaphysique que l’Homme peut percevoir. Tous ces éléments, qui peuvent influencer la vie humaine, ont donc leurs importance. Que cela soit sous la forme de manifestations divines, ou d’autres perturbations liées à l’espace et le temps ont tout leur intérêt ici.
Deux grandes notions apparaissent alors et seront explorées par le philosophe : le divin et le destin.
Dans le premier cas, c’est une véritable analyse des dieux présents à l’époque qui permet d’avoir un œil sur les croyances des citoyens de l’époque. Il évoque aussi tous les messagers divins qui étaient répandus à son époque comme les devins, oracles ou voyants, mais ne semble pas convaincu par leurs interventions. En effet, il semble pour lui impossible qu’un événement dépende d’un autre et que le futur puisse être déterminé à l’avance. Il faut cependant dissocier ces croyances du travail des augures qui ne prédisent pas l’avenir. Ils demandent simplement l’avis aux dieux concernant une décision publique par exemple. Dans ce cas précis, il y a un intérêt divin puisqu’il réside dans l’interprétation de ces messages métaphysiques. Globalement, il exprime un avis contraire au stoïcisme et la notion de déterminisme puisqu’il estime que la volonté humaine à son importance et peut être facteur de changement.