Fiche pratique sur Aristote

Qui était Platon ? Quelle est son œuvre ? Sur quoi se reposent ses principales idées ? Découvrons ensemble un aperçu d’un des philosophes qui a marqué son époque et dont les idées influencent encore notre culture aujourd’hui.

Qui était Aristote ?

Aristote, philosophe grec, est né en 385 ou en 384 avant Jésus-Christ dans une petite ville de Macédoine nommée Stagire située à proximité du mont Athos. Nicomaque, le père d’Aristote, était l’ami et le médecin d’Amyntas II, le roi de Macédoine, il descendait d’une famille de médecins. Ce qui peut expliquer l’intérêt d’Aristote pour la biologie ainsi que ses relations particulières avec la cour de Macédoine.

En 367, Aristote se rend à Athène et s’inscrit à l’Académie pour assister aux cours de Platon. Ce parcours scolaire marque profondément ses réflexions, il devient l’un des plus brillants disciples de Platon. Réputé pour sa passion de lecture, Platon appelait Aristote “le liseur”. Ils ont collaboré à l’enseignement et Aristote a publié ses propres dialogues tels que le Gryllos ou De la rhétorique.

Lors de la mort de Platon en 348, ce dernier désigne son neveu, Speusippe, comme successeur. Ce choix nourrit chez Aristote une rancune contre le neveu de Platon. Aristote est envoyé avec Théophraste et Xénocrate à Assos. Il devient le conseiller politique du tyran Hermias d’Atarnée avec lequel il noue une amitié.
Aristote ouvre une école dans laquelle il réalise des recherches biologiques.

En 343-342, le roi Philippe de Macédoine, qui a succédé à Amyntas II, confie à Aristote l’éducation de son fils, Alexandre. En apprenant qu’Hermias est mort, Aristote réalise un hymne en son honneur.

Aristote retourne à Athènes lorsqu’Alexandre monte sur le trône. Il enseigne pendant douze ans dans une école qu’il fonde, rivale de l’Académie : le Lycée, nommé ainsi, car l’école est située à proximité du temple d’Apollon Lycien.
Au lycée, les cours du matin sont réservés aux initiés, car le niveau est beaucoup plus difficile. Les cours publics se déroulent l’après-midi.
Les élèves de l’école sont nommés les “peripatein” (péripatéticiens) car les cours sont dispensés pendant des promenades.

Au cours d’une expédition en Asie en 323, Alexandre meurt. Cela crée à Athènes une réaction anti-macédonienne. Du fait de ses relations avec Alexandre, Aristote est suspecté d’agitation politique. Il est menacé d’un procès d’impiété pour avoir osé dédier un hymne à Hermias alors que dernier est un mortel. Ne souhaitant pas connaître le même sort que Socrate, Aristote quitte Athènes pour s’exiler dans l’île d’Eubée à Chalcis, le pays d’origine de sa mère. Il succombe à la maladie l’année d’après à l’âge de soixante-trois ans.

L’Oeuvre d’Aristote

Bien qu’il ait toujours eu à cœur de rechercher la nature de l’être et les causes premières, Aristote est considéré comme le père de la Métaphysique. Toutefois, il est également connu pour avoir exploré des thèmes tels que la logique, la politique ou la moralité.

Le père d’Aristote étant médecin, le philosophe porte un certain intérêt pour les questions d’ordre biologique. Il s’intéresse aux réalités terrestres (minéral, végétal, animal) mais également aux réalités célestes telles que les phénomènes météorologiques.

En reprenant l’étude rationnelle de l’Être commencée par Platon, Aristote s’interroge sur la question de l’Être. Selon lui, il existe une réalité non-matérielle qui échappe au temps, et donc, à la mort.
Ses réflexions le poussent à réfléchir sur la politique ainsi que la morale.
Aristote donne naissance à la Logique (Logos : raison, discours) en s’interrogeant sur le discours et les types de raisonnement.

Aristote est également connu pour avoir distingué les productions techniques et artistiques des productions naturelles. Il examine la rhétorique, l’art du discours, ainsi que la tragédie et la comédie, l’art théâtral.

Aristote, le père de la métaphysique

Le cosmos* aristotélicien est formé de sphères centrées sur une Terre immobile. Il se compose de deux régions :

• Le monde sublunaire est formé des quatre éléments (air, feu, terre, eau). Il est soumis au changement.
• Le monde supralunaire est formé d’un cinquième élément, l’éther qui ne peut se transformer en un autre élément. C’est dans ce monde que le Soleil et les planètes se déplacent.

Selon Aristote, le monde se divise entre la pure matière et la pure forme, la matière et l’immatérielle.

* cosmos : terme grec signifiant “le monde comme totalité ordonnée”.

Physique et Métaphysique

Du grec phusis (nature), la physique a pour objectif d’étudier l’ensemble des phénomènes naturels ainsi que leurs évolutions que ce soient les minéraux terrestres et/ou célestes, les végétaux et les animaux. Jusqu’au XIXe siècle, cette étude aristotélicienne, basée sur l’observation des réalités du monde, marquera la science occidentale.

La métaphysique, quant à elle, vise à étudier les réalités éternelles, immuables et non-matérielles.

Si la physique étudie le monde par le prisme de l’observation, la métaphysique utilise la pensée et sa capacité d’abstraction pour saisir les réalités immatérielles.
L’homme fait partie du règne animal, il a donc un corps matériel. Mais l’être humain a quelque chose de plus : une âme immatérielle.

Qu’est ce que l’âme ?

Du grec psukhê, l’âme est une réalité immatérielle qui forme l’existence de l’homme. Les aristotéliciens définissent l’âme comme la “forme” du corps.
Traduite par le terme grec eidos, la “forme” est insérée dans la matière. Tous les êtres animés sont dotés de cette “forme” immanente (la plante, l’animal et l’homme). L’être humain n’est donc pas le seul à disposer d’une “forme” ou d’une âme.

Selon Aristote, il existe trois types d’âme :

• l’”âme nutritive” des végétaux qui est un principe vital de la croissance et de la reproduction ;
• l’”âme sensitive” des animaux qui octroie la capacité de sentir et de percevoir ;
• l’intellect qui est une caractéristique propre de l’espèce humaine.

L’être humain porte en lui l’”âme nutritive” et l’”âme sensitive” mais se distingue des végétaux et des animaux par sa capacité réflexive. L’homme peut raisonner et argumenter. Il n’est pas seulement gouverné par son instinct.

La politique et la morale selon Aristote

Un “animal politique”

Le terme d’”animal politique” est extrait du premier chapitre du Livre I de La politique d’Aristote. Ce terme met en lumière le caractère intellectuel de l’être humain qui vit dans des communautés organisées où la raison et le langage dominent.
Plus que de se regrouper pour assurer la subsistance ou la sécurité matérielle, les êtres humains s’associent et vivent dans une communauté organisée, du grec polis (cité). Du fait de leurs échanges et des nombreux rapports sociaux qu’ils entretiennent entre eux, les êtres humains trouvent dans les cités un lieu propice à l’accomplissement de soi.
Ainsi, les membres d’une même communauté organisée échangent des propos tant sur leurs besoins matériels que pour exprimer leurs idées.

L’épanouissement de l’âme

Selon Aristote, les rapports sociaux entretenus avec ses concitoyens au sein d’une communauté organisée permettent à l’homme d’atteindre le bonheur (eudaimonia) s’il développe pleinement les potentialités de son corps et de son âme. Bien avant la fameuse phrase “un esprit sain dans un corps sain”, Aristote avait déjà une vision où le bonheur dépendait à la fois du corps et de l’esprit.
Selon Aristote, le sage vise le juste-milieu en évitant tout excès. S’il met les satisfactions de l’âme au premier plan, il n’en néglige pas pour autant les besoins de son corps et est à même de hiérarchiser ses désirs.

La politique selon Aristote

Pour Aristote, l’épanouissement de l’âme s’inscrit forcément dans une démarche politique. Ce disciple de Platon a analysé les différentes organisations politiques de son époque : le régime démocratique, le régime aristocratique et le régime monarchique.
En approfondissant la nature de la démocratie, Aristote insiste sur l’importance de la rhétorique. Pour lui, l’art de construire des discours est une activité qu’il faut encourager en démocratie. Cette réflexion aristotélicienne influence encore aujourd’hui la politique actuelle.